Hogwarts Mystery : secret à Poudlard

Manoir désenchanté

Chapitre 1

(juillet/août) :: De sa fenêtre, Aurora James observait l'horizon. Celui-ci semblait bien mort. Pas un chat, pas un chien. Pas plus qu'une âme qui vive ne s'attardait trop longtemps en ces lieux - principalement à cause de la clôture électrifiée installée tout autour du domaine. La propriété des James était assez vaste, un fruit récolté du dur labeur de son grand-père, le père de son père, Marcus James, deuxième du nom. Un beau manoir donc et quelques hectares laissait en héritage au seul fils légitime qu'il avait eu. Et autrefois, il faisait bon d'y vivre. *Oui.* Se souvient alors Aurora. Quand le terrain était encore entretenue par l'armée de jardinier que comptait autrefois le domaine. Quand le chant des alouettes raisonnaient encore dans la cours, quand le parquet du manoir étincelait encore et qu'il ne craquait presque pas. Ou encore lorsque les cris de Jacob se mêlaient au siens quand ils se chamaillaient pour un oui ou pour un non. Ou lorsque la toiture était encore parfaitement solide au point que l'on pouvait y marcher, peut-être même sauter sur l'ardoise sans craindre un instant qu'il ne s'effondre. Aurora en avait passé des heures percher là-haut, à lire et à rêver de ce que serait sa vie à Poudlard. Et enfin, il faisait tout simplement bon de vivre là à l'époque où son grand était encore là lui aussi. Jadis, il représentait à lui seul l'unique pilier de la famille. Il était la seule personne à se soucier que chacun de ses membres demeure une famille aussi uni que possible. Mais depuis sa mort, suivie de très près par la disparition de son frère aîné, introuvable depuis bientôt trois ans maintenant, la demeure avait ternie au même rythme que s'éteignait le mariage de ses parents. Quelques jours seulement après son renvoi du Collège de Poudlard, où Jacob c'était vue confisquée sa baguette magique dans le même temps, il s'était comme volatilisé. Cela avait été le choc de trop à encaisser pour Sélène, leur mère. Cette dernière était une moldu et, de peur qu'elle ne le rejette, elle n'avait appris qu'après leur union la véritable nature de John, son époux. À l'époque, elle ne l'avait pas quitté parce qu'elle venait d'apprendre qu'elle portait leur première enfant - sans cela, l'issue de cette histoire aurait probablement était tout autre. Toutefois, avec le temps, Sélène avait fini par se faire à l'idée que sa vie ne serait plus jamais la même, que désormais la magie ferait partie intégrante de son quotidien. Elle accepta finalement le fait que son fils soit lui aussi un sorcier et malgré quelques réticences à l'idée de laisser son tout petit quitter le domicile familial pour aller étudier dans un pensionnat à l'autre bout du pays ne l'avait guère enchanté, elle consentit tout de même à l'y envoyer. Et hormis une nouvelle crainte lorsqu'elle mit au monde son second enfant, une nouvelle fois Sélène ferma les yeux et accepta se la nature de sa fille. Cependant, la perte de Marcus fut un abandon terrible pour elle. Elle avait appris à l'aimer comme un père au fil des années et c'était finalement ce qu'il était devenu pour elle. Ajouter à cela la perte de son fils, un mari devenu absent et les pouvoirs d'Aurora manquant encore cruellement de maîtrise... La pauvre femme en perdit presque la raison. Néanmoins, avant que tout ceci ne la rende définitivement folle, Sélène quitta tout bonnement le manoir. Laissant ainsi dans son sillage son époux, mais aussi une part d'elle-même, sa fille.

Mais même en dépit de tout cela, et le regard bel et bien ancré sur cet horizon un peu fade, Aurora avait l'esprit ailleurs et fort bien occupé par des préoccupations tout autre et vraisemblablement de son âge. Car cette dernière avait passé presque tout l'été à penser à ce garçon... Talbott Winger. Juste avant que leur chemin ne se sépare à leur arrivée à King's cross à Londres pour ses deux longs mois de vacances, le Sergaigle lui avait donné un tendre baisé. Le premier d'Aurora et probablement le premier de ce dernier qui avait semblé tout aussi mal à l'aise qu'elle avant qu'il n'ait finalement eu le courage de se lancer. Elle avait fait la rencontre de Talbott durant le cours de sa troisième année à Poudlard et bien qu'ils appartenaient tous les deux à la même maison, ce fut Penny Haywood - de la maison Poufsouffle - qui les présenta officiellement l'un à l'autre. L'année suivante, Talbott avait appris à Aurora l'art de la métamorphose humaine. Il lui avait enseigné, plus précisément, comment devenir un animagi. Cela avait demandé du temps et beaucoup de patience. Et ce fut très certainement durant ces moments passés ensemble que l'intérêt de l'un éveilla celui de l'autre. Talbott avait toujours été un garçon plutôt discret, fort réservé et solitaire. Mais Aurora avait fini par découvrir une autre facette de sa personnalité. C'était un garçon intelligent, fasciné par la poésie et bien plus intéressant qu'il ne le laissait paraître au premier regard. Et pourtant malgré tout cela, Aurora ignorait ce qu'elle ressentait vraiment pour lui. Elle venait tout juste d'avoir seize ans, comment savoir à cet âge ce que pouvait véritablement être l'amour ? Du plus loin dont elle pouvait se souvenir, ses parents avaient été un couple exemplaire seulement et uniquement en présence d'autrui les dernières années avant leur séparation. Et c'était probablement de ce fait qu'Aurora n'aimait pas devoir faire face à ce genre de sentiments encore nouveau pour elle. Et ce fut sans nul doute pour cette raison qu'elle ne répondit quasiment pas aux innombrables courriers qu'ils avaient pu lui envoyer au cours de l'été. C'était tout de même étrange et paradoxal, songea-t-elle, que de penser autant à quelqu'un tout en l'ignorant de la sorte.

***

- Roré, à ta table por favor. Hurla gentiment la compagne de son père depuis la cuisine située à l'étage inférieur. La Brésilienne, qui était entrée dans la vie de son père depuis environ un an, mettait un point d'honneur à cuisiner elle-même. Chose qui avait le don d'insupporter John qui préférerait nettement qu'elle laisse cette besogne aux quelques domestiques encore présents dans la propriété. Xiomara Moraes, était une femme plutôt jolie, à la longue chevelure brune et aux yeux pétillants sans cesse d'une joie certaine. Elle avait toujours le sourire aux lèvres et un rire particulièrement communicatif. Sans parler de cette drôle de façon néanmoins charmante, de mélanger le portugais et le français lorsqu'elle s'exprimait. Cela avait aux yeux d'Aurora un petit côté à la fois exotique et agaçant par moment. Cela étant dit, elle devait tout même reconnaître qu'elle l'appréciait beaucoup. Elle était tout l'opposé de John, qui lui était plutôt quelqu'un d'introvertie, de froid, très vieux jeu et d'extrêmement rabat-joie. Mais c'était sûrement cela qui lui plaisait autant chez elle. Et Aurora ne s'en plaignait guère non plus parce qu'à elle seule, elle parvenait à redonner un peu de vie à ce manoir désenchanté.

- Rory. On dit Rory. Corrigea l'adolescente pour au moins la quatrième fois de la journée.
- Ne recommence pas avec ça ! Tu as un prénom, je te rappelle. Celui que ta mère et moi t'avons donné à la naissance. Interviens froidement son père. Xiomara, tâche toi aussi de t'en souvenir à l'avenir.

Ce dernier, c'était déjà installé en bout de table, un verre de vin rouge à la main - un St Estephe de 1860. Il le porta à ses lèvres aussitôt avait-il eu fini de pester contre les deux seules femmes encore présente dans le manoir - qui après avoir échangé un brève regard choisirent de garder le silence. Car ce n'était guère le moment de le contrarier davantage. Il avait appris un peu plus tôt dans la journée que les actions qu'il avait placées en bourses il y a quelques mois chez les moldus, étaient probablement sur le point de s'effondrer. Aurora ne comprenait strictement rien aux affaires de son père ni même ce que cela voulait dire avec certitude. Mais elle savait à quel point il détestait que les choses n'aillent pas dans son sens. Cela devait ô combien être désagréable de s'avérer être aussi maniaque du contrôle et de voir que malgré tout, certaines choses pouvaient tout de même vous échapper.

Le reste du repas s'avéra tout de même moins tendu. Xiomara parla volontiers à Aurora de ses études en école de magie. Elle avait étudié au pensionnat de Castelobruxo, au Brésil. Et elle y parla avec tant d'ardeur qu'Aurora avait presque la sensation d'y être, bien qu'elle y trouva cependant une pointe de nostalgie dans certaines de ses intonations. Ce qui ne manqua pas de créer un sentiment similaire chez Aurora - Poudlard lui manquait. Bien que John lui demeura quelque peu silencieux, les anecdotes délirantes de sa compagne étaient tout de même parvenues à lui arracher un sourire ou deux. Tonks s'entendrait sans aucun doute à merveille avec elle, conclu Aurora. Toutes deux adoré faire des farces en tout genre. Allant de la plus enfantine à la plus dégoûtante. Passant par les plus bêtes et parfois même les plus méchantes d'entre elles. Ni l'une ni l'autre ne l'étaient pourtant, mais les farces et attrapes n'étaient guère au goût de tout le monde. Et bien que Nymphadora le savait elle aussi, elle ne pouvait néanmoins s'empêcher d'en faire. Ce qui d'ailleurs, lui avait officiellement valu à l'école le surnom de Gremlin - trouble fait ou mirobolant, le qualificatif varié généralement selon les gens. À cette pensée, la jeune femme sourit tendrement. Se réjouissant intérieurement de retrouver bientôt sa camarade sur les bancs de l'école alors même qu'elle terminer son repas en se délectant d'une simple tasse d'eau chaude dans laquelle elle avait percée le jus d'un demi-citron auquel elle avait ajouté un peu de cannelle en poudre. Et bien que cela pouvait paraître un peu étrange comme breuvage, elle adorait ça. Mais c'était aussi son petit "truc" bien à elle, pour s'assurer d'entamer une bonne digestion. Un "remède de grand-mère" comme le disait si bien Xiomara alors que John lui, qualifier plutôt cela de "pisse mémé".

Plus tard, lorsqu'elle avait regagné sa chambre, Aurora jeta instinctivement un œil au calendrier qu'elle avait ensorcelé et qui était accroché au mur juste au-dessus de son lit. Celui-ci barré automatiquement les jours une fois la journée terminée. Un cercle, aussi bleu et argenté que les couleurs de la maison de Rowena Serdaigle, entourer la date suivante : le 30 août 1985, nulle autre que le jour où elle embarquerait dans l'express en direction de Poudlard. *Encore une semaine à attendre.* Songea t-elle en s'affalant lourdement sur son lit parfaitement bien dressé. Pourtant, elle le préférait nettement mieux quand t-il n'était pas ainsi tiré à quatre épingle, mais avec un père aussi psychorigide que pouvait être le sien, il valait sans doute mieux qu'elle s'en tienne à laisser le domestique s'en charger sans broncher. Se redressant finalement au bout de quelques minutes, elle s'arma d'un morceau de parchemin qui se trouvait là, sur sa table de chevet, à peine l'idée lui avait elle traversé l'esprit. Se munissant également de sa plume et de son livre de Botanique - pour faire office de support - elle le posa ensuite sur ses genoux et commença à griffonner quelques mots à l'attention de Talbott.

Cher Talbott,
Je tenais d'accord à m'excuser de ne pas avoir donné suite à tes lettres...
J'espère néanmoins que tu ne m'en tiendras pas rigueur et que ton été a été agréable ?

- Arrrhf... Gromela telle en froissant sauvagement le parchemin entre ses mains avant de le balancer à l'autre bout de la pièce. C'est ridicule ! Marmonna t-elle entre ses dents avant de s'emparer d'un nouveau morceau de parchemin. Cette fois néanmoins, elle prit davantage le temps de la réflexion avant de se remettre à écrire, mais elle ignorait pour quelle obscur raison les mots ne lui venaient points. Ce qui était particulièrement agaçant cependant, c'était que même Talbott qui n'était pas un garçon très loquasse, mieux connu pour être quelqu'un de reversé, avait trouvé de quoi lui écrire. Alors pourquoi pas elle ? Ne trouvant finalement aucune réponse satisfaisante à cette interrogation, elle abandonna une fois de plus l'idée de lui transmettre quoi que ce soit se soir après avoir griffonner à nouveau les quelques mots qu'elle avait écrit sans grande conviction. Puis elle reposa toutes ses affaires sur son chevet - regrettant une fois encore son incapacité face à ce manque cruel d'imagination ? Laissant un nouveau soupir s'échapper, elle se laissa à présent submerger par ses réflexions. Ça ne devrait pas être aussi compliqué de trouver des mots. Je devrais peut-être juste écrire la première chose qui me vient à l'esprit, sans y accorder trop d'importance... Puis au bout d'un certain temps - qui lui avait paru comme une éternité - Aurora finie par fermer les yeux après s'être enfoui sous sa lourde couette et s'en vraiment s'en rendre compte, le sommeil ne tarda pas à s'emparer d'elle.

***

Les quelques jours qui suivirent se ressemblèrent quasiment en tout point. À l'exception faite qu'elle avait passé un peu plus de temps dans la serre du domaine que dans sa chambre, à rêvasser à sa fenêtre. Le vieux Allerick, l'un des derniers domestiques vivant encore au manoir, était à la charge de presque toutes les taches qui encombraient généralement à une armée de ses paires. Allant du simple service de table à l'entretien du domaine tout entier, ou presque. Mais celle qu'il aimait le plus et qui n'était point une corvée à ses yeux, était de garder la serre dans un état de conservation parfaite - même si cela signifier de laisser à l'abandon le reste du terrain qui commencer sérieusement à se faire sauvage. Et dans de telles conditions, l'usage de la magie aurait pu lui être d'un grand secours s'il n'en avait pas été dépourvu à la naissance. La serre des James donc, était un endroit calme, verdoyant et il regorgeait de plantes et d'herbes de toute sorte. Le vieux Allerick y trouvait certainement en ce lieu toute la sérénité dont il avait besoin après s'être occupé de toutes les corvées qui étaient les siennes. Autrefois, la famille était connue pour être des apothicaires hors pair, travaillant principalement en Angleterre et notamment sur le Chemin de Traverse. Cette tradition familiale, c'était un peu perdu avec le temps, mais, son grand-père tenait grandement à la serre et à ce que l'on transmettre le savoir ancestral aux futures générations comme il avait toujours été fait dans la famille. Une dernière volonté que son père semblait prompt à respecter pour le plus grand plaisir d'Aurora qui aurait trouvé fort regrettable d'abandonner un si bel héritage.

- Quelle plante souhaites-tu étudier aujourd'hui mon petit Saule ? Interrogeait le domestique à la barbe blanche, qui ressemblait peut-être davantage à ce vieux bonhomme que les moldus avait pour habitude de nommer : père Noël, qu'à un "chambellan" digne de ce nom. Mais Aurora avait toujours supposé que son père ne lui en tenait pas rigueur compte tenu de son âge et de l'affection qu'il avait à son égard, même s'il n'en dirait jamais rien. Aurora elle, le trouvait très bien comme ça et quoi qu'il en fut réellement, Allerick lui, aimait beaucoup transmettre son savoir à la jeune damoiselle à la chevelure grisonnante - presque blanche - sans se préoccuper un seul instant de ce que l'on pouvait penser de lui.

- Et pourquoi tu ne m'en dirais pas plus sur le Filet du Diable que papa a fait enfermer l'été dernier ?
- Sérieusement Rory, de toutes les plantes qu'il peut y avoir dans cette serre, c'est celle que tu as choisi ? Demanda-t-il faussement consterné par cette requête. Inutile de répondre, ce n'était pas comme si j'étais réellement surpris. En revanche, je suis curieux de savoir de quelle façon tu as pu l'apprendre, puisque Monsieur James s'est assuré de le faire transporter en toute discrétion.
- Pas suffisamment il faut croire.Rétorqua la jeune fille de son air des plus espiègle. Alors, tu m'en parles ou non ?!

Allerick leva les yeux, mais finit toutefois par lui céder. La vérité, c'était qu'il ne lui refusait pas grand-chose à cette petite. Et il était fort probable, depuis le temps, qu'elle le sache pertinemment maintenant.